À partir du 1er janvier 2026, le seuil définissant les “points atypiques” en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques passera de 6 à 9 V/m.
Une évolution réglementaire présentée comme technique, presque anodine, mais qui interroge lorsqu’on la replace dans un contexte plus large : celui d’une exposition croissante aux ondes dans notre quotidien avec une hausse des puissances définies pour les points atypiques, et d’un nombre de plus en plus important de personnes exprimant des difficultés, souvent à des niveaux bien inférieurs aux seuils officiels.
Sans chercher à alarmer ni à opposer science et ressenti, cet article propose de prendre un pas de recul : interroger les bases sur lesquelles reposent les valeurs actuelles, rappeler certains éléments historiques et scientifiques souvent peu connus, et surtout inviter chacun à retrouver une marge de précaution personnelle, adaptée à son propre vécu biologique.
Car au-delà des normes, une question demeure : à quel niveau d’ondes peut-on se sentir réellement bien dans son environnement électromagnétique ?
À partir du 1ᵉʳ janvier 2026, l’Agence nationale des fréquences (ANFR) va officiellement fixer à 9 V/m le seuil des « points atypiques », contre 6 V/m jusqu’ici. Cette décision, passée relativement inaperçue dans le débat public, mérite pourtant d’être examinée avec attention, surtout au cœur d’une augmentation sensible des ressentis et difficultés liés à la surexposition aux ondes électromagnétiques dans la vie quotidienne. Source : ANFR
Qu’est-ce qu’un point atypique ?
Un « point atypique » désigne un lieu (habitation, espace public, maison…) où les niveaux d’exposition aux ondes électromagnétiques dépassent significativement ceux généralement observés à l’échelle nationale selon l’ANFR. Jusqu’ici, ce niveau était fixé à 6 V/m pour déclencher une démarche d’investigation et, si possible, une action corrective des opérateurs concernés. Source : ANFR
Cependant, l’ANFR précise que ce seuil n’est pas un seuil sanitaire, mais plutôt un seuil administratif servant à repérer des situations d’exposition « anormalement élevées » au regard de l’environnement radioélectrique.
Pourquoi passer les points atypiques de 6 à 9 V/m ? Et pourquoi cela pose question en termes d’exposition aux ondes ?
Selon l’agence, le seuil de 6 V/m devenait difficile à gérer parce que le nombre de points atypiques a augmenté fortement ces dernières années (en partie avec le déploiement de la 5G). L’idée affichée est de concentrer les efforts de contrôle sur les cas les plus marqués et techniquement « solubles ».
Mais cette explication technique ne dissipe pas les interrogations :
1. Casser le thermomètre… plutôt que traiter la cause réelle
Plusieurs organisations environnementales et associations dénoncent cette mesure comme une manœuvre visant à réduire artificiellement le nombre de cas à traiter, plutôt que d’agir sur les sources d’exposition pour limiter l’impact sur les riverains. Cette critique est d’autant plus forte que le projet contrevient à l’esprit de la loi française sur la sobriété face aux ondes, qui appelle à minimiser l’exposition. Source : Agir pour l’Environnement
Pour de nombreux citoyens et associations, augmenter le seuil revient à faire disparaitre l’alerte plutôt que d’améliorer réellement les conditions d’exposition, ce qui laisse planer le doute sur une approche purement comptable du problème plutôt que sanitaire. Source : Le site du journal L’âge de faire
2. Une discordance entre ressentis et seuils administratifs
Tandis que l’ANFR raisonne en termes techniques et statistiques, de plus en plus de personnes signalent des difficultés concrètes dans leur environnement domestique ou professionnel : troubles du sommeil, maux de tête, irritations, sensation d’étouffement en présence d’équipements émetteurs. Bien que ces symptômes ne soient pas tous reconnus scientifiquement comme étant provoqués par les ondes, ils reflètent une expérience vécue de surexposition, qui ne peut être balayée d’un revers de seuil. Ce décalage entre ressentis et seuils réglementaires alimente le doute et l’incompréhension citoyenne.
Ce qui était jadis considéré « exceptionnel » à 6 V/m est aujourd’hui de plus en plus courant, sans que l’on sache clairement (?) si cela traduit un vrai changement de l’environnement ou une simple évolution statistique. Les chiffres du bilan 2025 des analyses des mesures de 2024 disponible au téléchargement montrent bien une évolution croissante à la hausse des valeurs mesurées depuis 2014 jusqu’à 2024 (voir tableau de la page 13 de ce document repris ci-dessous). Source : ANFR
Vers une vision plus humaine de la régulation des ondes
Chez Geotellurique, nous pensons que tout changement de seuil doit être contextualisé par une écoute attentive des personnes concernées, et non seulement par des données techniques. Une légitimité véritable naît de la conciliation entre science, santé publique et expérience quotidienne, et pas seulement de l’ajustement arithmétique de chiffres administratifs.
Augmenter un seuil ne réduit pas l’exposition réelle ni les impacts potentiels sur les habitants qui vivent au quotidien à proximité des sources d’émission. Sans une démarche plus large qui intégrerait de la prévention, la réduction effective des expositions et une vigilance attentive aux ressentis, ce type de réforme risque de renforcer les sentiments d’injustice ou d’abandon face aux ondes.
En conclusion : une décision qui mérite débat
Le passage de 6 à 9 V/m soulève des questions légitimes dans un contexte où :
- Les niveaux d’exposition aux ondes mesurées augmentent avec le maillage des réseaux mobiles. (Voir source ici : Banque des Territoires)
- La perception d’une surexposition se fait sentir dans la vie quotidienne de nombreux citoyens.
- Des associations s’opposent fermement à ce relèvement de seuil pour des motifs de santé publique et de cohérence réglementaire.
Plus qu’un simple ajustement technique, ce relèvement nécessite une réelle transparence sur les implications concrètes pour la santé, l’environnement et la tranquillité des habitats.
Sur quelles bases reposent réellement les seuils actuels ?
Lorsqu’on parle de seuils d’exposition aux ondes électromagnétiques, une question essentielle mérite d’être posée calmement : sur quelles bases scientifiques et historiques reposent-ils réellement ?
Les valeurs aujourd’hui utilisées comme références réglementaires en France, et plus largement dans la majorité des pays d’Europe occidentale, sont issues des recommandations de l’ICNIRP (Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants). Ces recommandations ont été intégrées dans le droit français via un décret passé entre deux tours d’élection présidentielle (Décret n° 2002-775 du 3 mai 2002 pris en application du 12 ° de l’article L. 32 du code des postes et télécommunications relatif aux valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques), dans un contexte politique peu propice au débat de fond.
Ce point est rarement rappelé, mais il est pourtant fondamental :
Ces seuils de l’ICNIRP sont basés quasi exclusivement sur les effets thermiques des ondes, c’est-à-dire leur capacité à chauffer les tissus biologiques.
Or, les premières études fondatrices utilisées pour établir ces seuils remontent aux années 1980, et reposaient sur un nombre très limité de sujets : 8 rats et 5 singes, observés dans des conditions expérimentales spécifiques, impliquant des expositions de 40 à 60 minutes, puis l’application de facteurs de sécurité arbitraires à un seuil de densité d’absorption spécifique (SAR) d’environ 4 W/kg. Ces travaux visaient avant tout à déterminer à partir de quelle intensité une élévation mesurable de température corporelle pouvait être constatée, et non à étudier les effets biologiques non thermiques, aujourd’hui largement discutés.
Peut-on raisonnablement considérer que ces bases constituent un socle de précaution cohérent pour l’ensemble de la population générale ?
Et plus encore, pour les personnes qui se sentent mal, parfois très mal, dès des valeurs très basses, bien en dessous des seuils officiels ?
Des seuils déjà reconnus comme obsolètes au niveau européen
Ce questionnement ne vient pas seulement de citoyens isolés ou de praticiens de terrain. Dès le 11 avril 2011, au niveau européen, un signal fort avait été envoyé.
Dans le Projet de résolution adopté à l’unanimité par la commission (Résumé – Doc. 12608, 27 mai 2011), les valeurs de l’ICNIRP, utilisées comme seuils de référence dans la plupart des pays européens soumis aux règles de l’OTAN, ont été explicitement qualifiées d’obsolètes.
Ce texte appelait à :
- une révision des normes d’exposition,
- une meilleure prise en compte des effets biologiques à long terme,
- et une application plus rigoureuse du principe de précaution, notamment pour les populations vulnérables.
Pourtant, pratiquement 15 ans plus tard, ces mêmes valeurs continuent à servir de fondement aux politiques publiques, souvent même rehaussées, comme c’est le cas aujourd’hui avec le passage des points atypiques de 6 à 9 V/m.
La Baubiologie : une approche fondée sur le terrain et la précaution

À l’inverse, il existe depuis longtemps une autre approche, moins institutionnelle mais profondément ancrée dans la réalité du terrain : celle de la Baubiologie (biologie de l’habitat allemande).
Les valeurs de précaution en Baubiologie, notamment pour les zones de repos et de sommeil, n’ont pas été définies arbitrairement. Elles sont issues :
- de plus de 10 000 expertises réalisées dans des lieux de vie réels,
- de l’analyse de foyers confrontés à des problématiques concrètes de santé ou d’inconfort,
- et d’un croisement avec des études scientifiques mettant en évidence des effets biologiques à de faibles niveaux d’exposition.
La première liste de standards a ainsi été constituée dès 1998, sur une base à la fois scientifique, empirique et humaine.
Ces valeurs ne prétendent pas définir un seuil de danger absolu, mais proposent un cadre de précaution réaliste, particulièrement adapté aux lieux où le corps est censé se régénérer : le sommeil, le repos, favorisant la récupération.
C’est précisément pour ces raisons qu’elles constituent, selon moi, les meilleures valeurs de référence à appliquer par précaution aujourd’hui.
Quand le vécu biologique ne peut plus être ignoré
Ce regard n’est pas seulement théorique. Il est aussi nourri par mon expérience vécue mais aussi celles de nombreuses personnes EHS avec qui j’ai discuté depuis de nombreuses années.
En tant qu’ancien EHS (électro-hypersensible), j’ai pu constater dans mon propre corps que des symptômes réels apparaissaient à des niveaux très bas, bien en dessous des seuils réglementaires, dès la moitié des valeurs de faible anomalie définies par la Baubiologie.
Et inversement, que la réduction effective des expositions, selon une logique de précaution, permettait un apaisement tangible.
Il ne s’agit pas d’opposer ressenti et science, mais de reconnaître que le vivant ne se limite pas à un modèle thermique, et que les mécanismes biologiques subtils, neurologiques, hormonaux, cellulaires, méritent d’être considérés avec sérieux.
Agences sanitaires : prudence dans les rapports, et discours public rassurant…
Un autre paradoxe qui mérite d’être souligné.
Dans leurs rapports techniques, des agences comme l’ANSES reconnaissent régulièrement :
- des incertitudes scientifiques,
- la nécessité de poursuivre les recherches,
- et appellent à la prudence, notamment pour certains usages et certaines populations
(voir par exemple les dernières lignes notées des pages 423/436 du fichier PDF) : anses.fr/system/files/AP2016-SA-0176-RA.pdf, du dernier avis de l’Anses du 24 octobre 2025 relatif à l’expertise “radiofréquences et cancer”.
Mais dans les communications véhiculées grand public, le message reste souvent très rassurant, laissant entendre que tant que les seuils réglementaires ne sont pas dépassés, tout va bien.
Cette dissonance peut laisser les personnes en difficulté seules face à leurs ressentis, avec le sentiment de ne pas être entendues et surtout les laisser en errance médicale de longues années.
Se mettre soi-même en mode précaution
Face à ces constats, une conclusion s’impose avec simplicité :
Attendre un signal fort de précaution des autorités peut prendre du temps, et parfois beaucoup de temps.
Cela ne signifie pas céder à la peur, ni rejeter la technologie, mais reprendre une part de responsabilité individuelle, en se mettant soi-même en mode précaution :
- en réduisant les sources inutiles,
- en adaptant son environnement,
- en observant ses propres réactions,
- et en respectant ses limites biologiques, même lorsqu’elles ne sont pas encore reconnues officiellement.
Des gestes simples pour réduire l’exposition au quotidien
Se mettre en mode précaution ne signifie pas transformer son habitat en bunker, ni tout remettre en question d’un coup. Bien souvent, ce sont des ajustements simples, ciblés sur les sources les plus proches du corps, qui apportent déjà un réel soulagement.
Dans cette logique, certaines solutions Spiro ont été pensées pour accompagner celles et ceux qui souhaitent limiter les effets de leur exposition de façon progressive, sans dogme ni excès. Elles s’adressent notamment aux personnes sensibles, à celles qui souhaitent tester par elles-mêmes, ou simplement à celles qui préfèrent agir à leur échelle, avec des moyens simples.
Ces solutions ne remplacent ni la mesure, ni l’analyse globale d’un environnement, mais peuvent constituer un premier pas concret, en complément d’autres approches plus techniques lorsque cela s’avère nécessaire.
Pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin dans cette démarche concrète, nous avons détaillé de nombreuses solutions techniques simples et accessibles dans cet article : Comment se protéger des ondes électromagnétiques ? Guide complet pour limiter son exposition en 2025 !
En filigrane, une question simple demeure.
Peut-être que l’enjeu n’est pas seulement de savoir si 6 V/m ou 9 V/m constituent des seuils “acceptables”, mais plutôt de se demander :
à partir de quel niveau mon corps se sent-il réellement en sécurité, capable de bien dormir, de récupérer, et de préserver son équilibre sur le long terme ?
Et si la véritable précaution commençait là, dans cette écoute fine de soi, qui nous invite, pas à pas, à ajuster notre manière de vivre au quotidien.


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